Titre : Waylander Auteur : David Gemmell Genre : Fantasy Langue d'origine : anglais (d'Angleterre) Critique : VF Date de publication : 1986 Prix : 8€20 Résumé : Le Roi de Drenaï a été assassiné. Une armée d’envahisseurs déferle sur le pays, avec pour mot d’ordre de tuer hommes, femmes et enfants. Mais tout espoir n’est pas perdu. Il repose sur les épaules de celui que la nation surnomme Waylander. Seul, il va s’aventurer en territoire nadir pour retrouver la célèbre Armure de Bronze, symbole de liberté. Mais peut-on faire confiance à ce Waylander ? Après tout, c’est lui qui a assassiné le roi. |
Waylander est un cadeau qu'on m'a fait (quel beau cadeau... non, chut, il faut pas le dire). Comme je n'avais jamais lu de Gemmell et qu'on annonce que c'est un auteur de best-sellers, on se dit que ça doit quand même être de la bonne littérature fantasy (ou pas, d'ailleurs, c'est connu, les best-sellers ne sont pas forcément les meilleurs livres qu'il soit). Et donc, j'ai fini par me fouetter et me dépêcher de lire ce roman.
Alors, je ne sais pas si c'est parce que j'ai lu beaucoup de fantasy et donc, que je suis très critique vis à vis du genre, ou encore que je lis trop de classiques en ce moment... je ne sais pas, toujours est-il que j'ai été très très surprise de trouver ce que j'ai trouvé. Je m'attendais à tout sauf... ça. Pas spécialement au niveau du contenu, mais même, du style, de la manière d'aborder les personnages. Non, vraiment, une déception. Je m'explique.
Il y a déjà un non-sens dans le résumé, à mes yeux. Enfin ok, c'est le principe du roman : Waylander, assassin craint de tout le monde, a assassiné le roi et tente ensuite de trouver une certaine armure pour sauver tout le monde des envahisseurs et de l'apocalypse. Le paradoxe est déjà là : Waylander est justement sensé être un assassin qui fait peur à tout le monde sauf qu'il va aller à la recherche de l'armure sacrée (pourquoi cette histoire d'armure, je me le demande encore, je n'ai toujours pas compris son utilité) on-ne-sait pas pourquoi, du jour au lendemain, comme ça, pof ! J'exagère un peu, mais à peine. Ok, le père du prince qu'il a tué lui apparaît, et il est pris de remords mais... non. Je ne sais pas, la psychologie de quelqu'un ne peut pas être aussi changeante et illogique, faut se décider, soit tu tues tout le monde soit tu sauves la nation, tu peux pas vraiment faire les deux. Donc voilà, pour moi Waylander est totalement en contradiction avec ce qu'on nous annonce au départ. Certes, c'est plus ou moins justifié par le fait qu'il y a un échange entre lui et Dardalion, le prêtre pur et saint que l'on rencontre au tout début du livre. C'est-à-dire que le prêtre devient un gros prêtre dark et badass à souhait tandis que Waylander est tout d'un coup traversé de sentiments (eh si !) Sauf que pour moi, ce n'est pas possible. Un mec tout blanc ne peut pas se mettre à tuer du jour au lendemain avec autant de plaisir et de facilité (ah parce qu'il ne regrette rien hein). Ensuite, il y a des personnages secondaires intéressants, qui pourraient se révéler de vraies perles à exploiter. Mais une fois de plus, on tombe dans le cliché et l'irréel. Danyal, par exemple, la femme qu'il rencontre au début et qui le déteste. Et soudainement, ils vont s'aimer, d'un amour tellement irréel et... non, on parle d'un type qui a tué plein de gens, il devrait être effrayant, non ? Au lieu de quoi madame n'a absolument pas peur et place très vite toute sa confiance en un type qu'elle vient à peine de rencontrer... pas méfiante, la petite, c'est sûr. Bref, il y a bien quelques personnages (je pense au soi-disant meilleur ami de Waylander, qui aurait pu être davantage exploité, sauf que pouf pouf il disparaît en un claquement de doigt...) Un autre personnage intéressant, c'est un brigand dont j'ai oublié le nom, qui trahit Waylander sans remords. Lui, au moins, il tient à peu près la route, quoi. Ah et autre grosse déception : le plus grand assassin ou chasseur, dont j'ai aussi mangé le nom, qui est sensé tuer Waylander. Evidemment, ça ne se passe pas vraiment comme prévu, parce que Waylander, en bon gros héros badass (assassin qui se fait vieux, hein, mais bon, quand même, il est tout de même bien vif), avec son arbalète, réussit toujours à s'en sortir. Alors je suis tout à fait consciente que ce genre de personnage peut plaire à certaines personnes, mais personnellement, il m'a semblé tellement illogique dans ses actes et sa façon de penser, pas crédible du tout, que je n'ai définitivement pas accroché. Enfin bref, je pourrai m'étaler encore longtemps au sujet des personnages, mais ce n'est pas ce qu'on me demande.
Au niveau du style c'est également très décevant. Terriblement terre-à-terre, avec l'utilisation récurrente des verbes « sembler » dans les descriptions et « dire » dans les dialogues. Alors oui, je sais, c'est la traduction française que j'ai lu, ça fausse peut-être (et sans doute) mon jugement mais... ce n'est pas possible, quoi. Les descriptions sont très peu présentes et très fades, on a vraiment du mal à se représenter le monde dans lequel les protagonistes évoluent. On est en fantasy, quoi, un peu plus de détails ne ferait pas de mal (surtout qu'on nous balance des noms comme ça, sans description). On a également du mal à imaginer les personnages. Les dialogues pourraient nous aider à le faire, sauf qu'une fois de plus, ils manquent de crédibilité, sont terriblement plats et ennuyeux au possible. Ca manque d'une étincelle de vie, ou de je-ne-sais-quoi, cette chose qui fait qu'un roman devient addictif, quoi. Bon, Waylander, ça se lit, bien sûr. Mais franchement, le vocabulaire n'est absolument pas varié, et il n'y a pas, comme je le disais juste au-dessus, cette « étincelle » qui donne envie de connaître la suite.
Parce que justement, oui, tout est trop prévisible. Déjà, le livre n'est constitué que de scènes d'actions. Un peu, c'est bien, trop, c'est lassant. La narration, le développement des personnages, en revanche, ça passe clairement à la trappe. Certaines batailles à la fin du roman peuvent peut-être séduire les férus des stratégies et des combats épiques, mais personnellement je n'y ai vu que des batailles interminables, peu réalistes, avec des soldats qui manquaient eux également de réalisme. Bon, je dois aussi avouer que la guerre, ce n'est pas trop mon truc, mais même les autres scènes d'action manquent cruellement de cette étincelle (oui, encore et toujours... ça s'appelle écrire avec le coeur, je crois, en d'autres termes). Prophétie, élu, les méchants d'un côté et les gentils de l'autre (même si Gemmell essaie un peu de casser ce dernier cliché, ce n'est pas vraiment réussi parce qu'on se retrouve quand même avec les deux camps et l'idée que les adversaires sont forcément des barbares sauvages affreux). Et les autres peuples qui sont eux aussi très mal perçus (comme des étrangers quoi). Sauf qu'on ne sait pas pourquoi, leurs coutumes ne sont pas détaillées, on nous balance une nouvelle peuplade comme ça, hop. Et puis toutes les scènes sont lentes et prévisibles, encore une fois. On sait déjà que Waylander va s'en sortir. Ca peut plaire et sembler génial... mais je sais pas, moi j'aime être surprise. Et l'armure sacrée qui en fait ne sert à rien, c'est sans doute le truc de trop, le cliché qui m'a achevée. Parce qu'au final, à quoi sert cette armure (ceux qui ont lu le livre, posez-vous la question) ? Bah pas à grand chose en fait. Oui, c'est un symbole, etc, mais il faudrait innover un peu. Je suis sans doute très dure étant donné qu'à l'époque où ça a été écrit, la fantasy n'était pas très répandue. Donc ce n'était peut-être pas cliché. Je ne sais pas, à vrai dire. En tout cas, je suis maintenant allergique à ce genre d'ambiances. Pareil, le fait que Waylander soit un assassin, au final, ce n'est pas tant exploité que ça. On pourrait s'imaginer un tas de choses, sauf qu'au final Gemmell nous laisse sur notre faim. Exploré avec un angle de vue différent, ce serait peut-être original, mais là ça ne passe définitivement pas. Sans parler de la fin tellement manichéenne et vue et revue. Bref, une déception, une fois de plus.
Vous l'aurez donc compris, je n'ai pas donc pas accroché du tout à ce qui semble pourtant être un classique de la littérature fantasy. Peut-être que ça vient de la traduction, mais j'ai quelques doutes. Puis pour l'intrigue, le problème ne vient pas de la traduction. Bien sûr, ça se lit (plutôt rapidement même, si on passe tous les passages ennuyeux, c'est-à-dire beaucoup, et qu'on ne s'endort pas au milieu des scènes d'action) et ça peut passer le temps. Néanmoins, une grosse déception, le tout manquant cruellement de consistance et d'un peu d'originalité, qui donnerait l'impression que l'histoire n'a pas été écrite avec les pieds. Cela peut sans doute plaire aux fans de Gemmell (d'ailleurs, ça leur plaît sans doute) et aux fans de l'action pure et dure et des héros sans peur et sans reproche, assassin repenti qui va désormais se mettre en tête d'aller sauver le monde même s'il doit mourir pour ce faire. Mais ceux qui sont à la recherche d'humanité, de crédibilité, de surprise et d'un peu de suspense, passez votre chemin ! De même que ceux qui souhaiteraient un univers creusé et fouillé, avec plein de détails et de longues et belles envolées lyriques. Waylander, c'est tristement terre-à-terre. Waylander n'est donc ni un coup de foudre ni un coup de coeur pour moi. Dommage, je suis peut-être tombée sur le mauvais Gemmell, mais en tout cas je ne sais pas si j'en relirai de sitôt !
3/10