Titre : We need to talk about Kevin Auteur : Lionel Shriver Genre : Contemporain, drame Langue d'origine : Anglais Critique : VO Date de publication : 2003 Prix : £7.99 Résumé : Eva never really wanted to be a mother; certainly not of the boy who murdered seven of his fellow high school students, a cafetaria worker and a teacher who tried to befriend him. Now, two years later, it is time for her to come to terms with Kevin's horrific rampage in a serie of startlingly direct correspondences with her estranged husband. Uneasy with the sacrifices of motherhood, Eva fears that her dislike for her own son may be responsible for driving him so drastically off the rails. |
La Critique par Dy'
We need to talk about Kevin, ou Il faut qu'on parle de Kévin en français (appelons-le WNTTAK, c'est tellement plus simple, hein ?) était un livre que j'avais envie de lire depuis un sacré bout de temps, 5 ans pour être exacte. Il m'avait été recommandé par une amie mais bizarrement, ma mère doutait de mes capacités, en temps que gamine de 13 ans à l'époque, à digérer cette histoire.
Est-ce une histoire digeste ? Je ne sais pas. Ce qui est certain à mes yeux, c'est que ce bouquin est un coup de foudre. LE coup de foudre je dirais. Il m'est déjà arrivé de connaître des crises livresques qui me tenaient éveillée tard pour finir un livre extraordinaire, mais là, là les enfants, ce n'était pas une crise. C'était une obsession, une frénésie. Ce bouquin m'a consumée jour et nuit (en période de bac blanc c'est vraiment l'idéal). Mais bref, passons à la suite.
WNTTAK est certainement le chef-d'oeuvre de Lionel Shriver. Plus qu'une horrible histoire d'une mère confrontée à la monstruosité de son propre enfant, c'est aussi une réflexion sur le fait d'être mère, la vie, la famille, le bonheur. Il y a des phrases dans ce bouquin qui m'ont faite vibrer, par leur justesse et leur force. Parce qu'outre l'histoire racontée d'une main de maître, se cache dans ce livre l'écriture "tronçonneuse" de Shriver. Tronçonneuse, parce que l'intensité de cette plume m'a donné le sentiment d'être découpée en morceaux. Tout le récit est porté par cette écriture, ce souffle incroyable qui, à travers les mots de la mère, nous plonge d'horreurs en horreurs.
Oui, ce livre est horrible. A un point qu'on ne peut imaginer (si c'est le cas, je peux vous recommander un psychiatre -okjemetais). C'est pas vraiment le genre de choses qu'on bouquine pour avoir les idées claires. Et pourtant je ne cesserai de le recommander à quiconque m'entendra. Disons-le clairement : on a tous peur d'être face à un Kevin. Mais qui est Kevin ? C'est le fils d'un père aimant mais coincé dans de vieux clichés illusoires sur la famille parfaite, et d'une mère égoïste qui a énormément voyagé, est cultivée et a créé sa propre entreprise. Aucune raison pour le gosse de partir en steack et tuer des gens. Sauf que voilà, Kevin semble être l'incarnation du mal depuis l'instant même de sa naissance et manifestement, il aime bien le rappeler à sa mère tout en s'amusant (et encore, "s'amuser" est un grand mot pour Kevin) à complaire aux clichés de son paternel. Je ne pense pas qu'il faut essayer de comprendre Kevin. On suit, par l'intermédiaire de longues lettres qu'envoit la mère à son mari, bien après le massacre et les procès, les premiers pas du gamin et la vie de la petite famille. Avec en parallèle bien sûr, le présent, soit les visites en prison et les regards accusateurs. La construction-même du récit est un coup de génie : on sait ce qu'il s'est passé mais on ignore pourquoi. Et ça, c'est la question que tout le monde se pose, y compris Eva, la mère.
Je ne vous cache pas que j'avais une envie folle de frapper tous les personnages. Pas parce qu'ils sont idiots, mais terriblement humains. Bon, peut-être pas Kevin. En fait, en lisant WNTTAK, j'avais l'impression que tout était vrai. Outre le décor magnifiquement bien moulé, la justesse qui auréole ce récit rend le tout plausible. Bien sûr, Kevin est un extrême, j'espère qu'on ne trouve pas des personnes comme lui dans la nature. Mais comme je l'ai dit plus haut, il incarne une peur écrasante : et si mon enfant était un assassin ?
En plus de tout ça, comme je le disais, il y a toute une réflexion sur le fait d'être mère etc. Le tout est couplé à une bonne critique de la société américaine (on se rappelera notamment qu'au lieu de freiner le port d'arme pour éviter les massacres dans les écoles, on apprend les enfants à utiliser des boucliers anti-balles, c'est tellement plus pratique). Dans tous les cas, je recommanderai aux personnes voulant avoir des enfants de ne pas lire ce livre. Non, il ne s'agit pas d'une diatribe sur "avoir des enfants, c'est maaaal". Absolument pas. Mais il se peut que cela dégoûte quand même du devoir parental.
Somme toute, je pense qu'il ne faut pas essayer de répondre à la question que soulève ce roman. Est-ce la faut de sa mère si Kevin est un monstre ou est-il né ainsi ? Il n'y a pas de réponses et je crois bien que c'est ce qui fait peur.
Bref, je suis contente d'avoir trouvé mon coup de foudre de l'année ! Maintenant, il est temps de se pencher sur des lectures plus légères... ou se jeter sur l'adaptation cinématographique !
We need to talk about Kevin, ou Il faut qu'on parle de Kévin en français (appelons-le WNTTAK, c'est tellement plus simple, hein ?) était un livre que j'avais envie de lire depuis un sacré bout de temps, 5 ans pour être exacte. Il m'avait été recommandé par une amie mais bizarrement, ma mère doutait de mes capacités, en temps que gamine de 13 ans à l'époque, à digérer cette histoire.
Est-ce une histoire digeste ? Je ne sais pas. Ce qui est certain à mes yeux, c'est que ce bouquin est un coup de foudre. LE coup de foudre je dirais. Il m'est déjà arrivé de connaître des crises livresques qui me tenaient éveillée tard pour finir un livre extraordinaire, mais là, là les enfants, ce n'était pas une crise. C'était une obsession, une frénésie. Ce bouquin m'a consumée jour et nuit (en période de bac blanc c'est vraiment l'idéal). Mais bref, passons à la suite.
WNTTAK est certainement le chef-d'oeuvre de Lionel Shriver. Plus qu'une horrible histoire d'une mère confrontée à la monstruosité de son propre enfant, c'est aussi une réflexion sur le fait d'être mère, la vie, la famille, le bonheur. Il y a des phrases dans ce bouquin qui m'ont faite vibrer, par leur justesse et leur force. Parce qu'outre l'histoire racontée d'une main de maître, se cache dans ce livre l'écriture "tronçonneuse" de Shriver. Tronçonneuse, parce que l'intensité de cette plume m'a donné le sentiment d'être découpée en morceaux. Tout le récit est porté par cette écriture, ce souffle incroyable qui, à travers les mots de la mère, nous plonge d'horreurs en horreurs.
Oui, ce livre est horrible. A un point qu'on ne peut imaginer (si c'est le cas, je peux vous recommander un psychiatre -okjemetais). C'est pas vraiment le genre de choses qu'on bouquine pour avoir les idées claires. Et pourtant je ne cesserai de le recommander à quiconque m'entendra. Disons-le clairement : on a tous peur d'être face à un Kevin. Mais qui est Kevin ? C'est le fils d'un père aimant mais coincé dans de vieux clichés illusoires sur la famille parfaite, et d'une mère égoïste qui a énormément voyagé, est cultivée et a créé sa propre entreprise. Aucune raison pour le gosse de partir en steack et tuer des gens. Sauf que voilà, Kevin semble être l'incarnation du mal depuis l'instant même de sa naissance et manifestement, il aime bien le rappeler à sa mère tout en s'amusant (et encore, "s'amuser" est un grand mot pour Kevin) à complaire aux clichés de son paternel. Je ne pense pas qu'il faut essayer de comprendre Kevin. On suit, par l'intermédiaire de longues lettres qu'envoit la mère à son mari, bien après le massacre et les procès, les premiers pas du gamin et la vie de la petite famille. Avec en parallèle bien sûr, le présent, soit les visites en prison et les regards accusateurs. La construction-même du récit est un coup de génie : on sait ce qu'il s'est passé mais on ignore pourquoi. Et ça, c'est la question que tout le monde se pose, y compris Eva, la mère.
Je ne vous cache pas que j'avais une envie folle de frapper tous les personnages. Pas parce qu'ils sont idiots, mais terriblement humains. Bon, peut-être pas Kevin. En fait, en lisant WNTTAK, j'avais l'impression que tout était vrai. Outre le décor magnifiquement bien moulé, la justesse qui auréole ce récit rend le tout plausible. Bien sûr, Kevin est un extrême, j'espère qu'on ne trouve pas des personnes comme lui dans la nature. Mais comme je l'ai dit plus haut, il incarne une peur écrasante : et si mon enfant était un assassin ?
En plus de tout ça, comme je le disais, il y a toute une réflexion sur le fait d'être mère etc. Le tout est couplé à une bonne critique de la société américaine (on se rappelera notamment qu'au lieu de freiner le port d'arme pour éviter les massacres dans les écoles, on apprend les enfants à utiliser des boucliers anti-balles, c'est tellement plus pratique). Dans tous les cas, je recommanderai aux personnes voulant avoir des enfants de ne pas lire ce livre. Non, il ne s'agit pas d'une diatribe sur "avoir des enfants, c'est maaaal". Absolument pas. Mais il se peut que cela dégoûte quand même du devoir parental.
Somme toute, je pense qu'il ne faut pas essayer de répondre à la question que soulève ce roman. Est-ce la faut de sa mère si Kevin est un monstre ou est-il né ainsi ? Il n'y a pas de réponses et je crois bien que c'est ce qui fait peur.
Bref, je suis contente d'avoir trouvé mon coup de foudre de l'année ! Maintenant, il est temps de se pencher sur des lectures plus légères... ou se jeter sur l'adaptation cinématographique !
Note finale
10/10