Titre : Nimona Scénariste/Dessinateur : Noelle Stevenson Date de publication : prévu en 2015 Langue d'origine : Anglais Critique : VO Site : gingerhaze Résumé : Lord Ballister Blackheart has a point to make, and his point is that the good guys aren't as good as they seem. He makes a comfortable living as a supervillain, but never really seems to accomplish much - until he takes on a new sidekick, Nimona, a shapeshifter with her own ideas of how things should be done. Unfortunately, most of those ideas involve blowing things up. Now Ballister must teach his young protégé some restraint and try to keep her from destroying everything, while simultaneously attempting to expose the dark dealings of those who claim to be the protectors of the kingdom - including his former best friend turned nemesis, Ambrosius Goldenloin. |
La Critique par Dy'
Malgré le fait que je lise énormément de webcomics sur le net, je n’avais jusqu’alors jamais entendu parler de Nimona. Et puis des dessins qui en sont issus ont commencé à apparaître sur mon tableau de bord de Tumblr et on m’a recommandé plusieurs fois ce petit bijou. Finalement, je l’ai dévoré en une après-midi et je ne le regrette absolument pas.
Nimona, c’est tout d’abord un style de dessin un peu particulier et que je n’ai pas l’habitude de rencontrer, très « cartoon » et simple, dont le rendu correspond parfaitement à l’univers de la bande-dessinée. Les designs choisis pour les personnages sont excellents, on retrouve une diversité agréable qui s’ancre dans un monde aux couleurs changeantes, aux ambiances extrêmement bien rendues, bref, rien à dire de ce côté-là, c’est digne d’un travail d’un professionnel aguerri. L’arrangement des cases, sans complexité également mais qui ne nuit en rien au déroulement de l’histoire, est très agréable et reposant.
En ce qui concerne l’intrigue, j’ai tout simplement été soufflée par le tour des évènements. Si le ton se fait tout d’abord plutôt comique, avec Ballister et les déboires de son acolyte Nimona, on sombre vite dans le psychologique et le très sérieux, et ce vis-à-vis des trois personnages centraux, soit Nimona –qui reste le personnage principal de cette histoire – Ballister et Ambrosius. J’ai été très surprise et captivée par ce revirement de situation et aussi par les implications qu’il apporte. En effet, comme on s’en doutait déjà, « the agency » se révèle être le prototype même de l’institution paranoïaque qui cherche à garder le contrôle sur tout, avec sous le coude, le méchant designé, Ballister, et le superbe héros, Ambrosius. Cela n’est évidemment pas sans nous rappeler des problèmes actuels qui ont déjà été soulevés à maintes reprises. L’intrigue se penche également sur la quête de son identité au travers du personnage de Nimona, qui fait presque figure métaphorique, par ses aptitudes de « shapeshifter », de cette recherche. C’est certainement l’évolution de ce protagoniste qui m’a le plus marqué, puisqu’encore une fois, je ne m’y attendais pas du tout, malgré les indices semés çà et là par l’auteure. De même, les relations entre Ballister et Nimona, de l’ordre du père et de la fille, sont développées et déroulées bout à bout jusqu’à la dernière page, au même titre que celle entre Ballister et Ambrosius, de l’ordre de l’amour, ou au moins de l’amitié. L’ajout d’une légende, de récits enchâssés, de bribes du passé permettent d’enrichir la trame principale et s’insèrent avec succès dans l’histoire sans provoquer de rupture. Ils sont essentiels à la compréhension du développement des protagonistes. Et c’est certainement cela qui m’a beaucoup marqué chez Noelle Stevenson : le génie et l’application qu’elle a mis pour centrer cette histoire autour des personnages, sans rendre le tout ridicule ou lourd, toujours en restant dans le juste sans se départir de son humour à tomber par terre. On reste tout de même très frustré par cette fin ouverte qui, même si elle nous déleste de quelques inquiétudes, nous donne en contrepartie une envie folle que cette histoire ne s’arrête jamais et que les personnages continuent à s’animer devant nous.
En effet, les protagonistes, plus que le fond de l’intrigue-même, sont l’essence pure de ce webcomic. J’ai beaucoup aimé, comme je l’ai dit plus haut, la diversité qui nous est offerte : Nimona est un peu boulotte, Ballister a un bras mécanique et une allure de méchant démoniaque, Ambrosius est un bel Apollon à la chevelure presque digne de celle de Glorfindel, « the director » est une femme sévère et sûre d’elle, et le Dr. Meredith Blitzmeyer est un sacré bout de femme qui n’a de compte à rendre à personne. Ce qui me paraît très intéressant, c’est le fait que chacun des personnages « jouent » un rôle, une caricature, que « the agency » leur a, en quelque sorte, attribué. Et bien entendu, Nimona est cet élément perturbateur qui refuse d’une certaine façon de se plier aux règles de ce petit jeu et n’hésite pas à mettre Ballister en face du ridicule de sa propre situation. Elle est ce grain de sable qui va faire s’effondrer la balance et mettre au jour l’absurdité qui règne en ce monde –elle en est elle-même l’incarnation. Et c’est ce détachement progressif de leur rôle qui va permettre aux personnages de se sauver : Ballister devient un héros, Ambrosius renonce à ses fonctions, le Dr. Meredith laisse la science de côté pour un temps et finalement, on suppose que Nimona s’écarte du monstre qu’elle était, ou a toujours été, voire est encore ? Quant à la directrice de l’agence, elle est à la seule à rester campée sur ses positions, ce qui explique sa mort. Une fois de plus, le développement des personnages, leur héritage, que ce soit l’histoire tragique de Ballister et Ambrosius ou encore de Nimona –quand bien même il ne s’agirait pas de la vérité, est la clé du récit qui va nous permettre de nous attacher profondément à ces êtres fictifs. Je ne cache pas évidemment éprouver une grande sympathie à l’encontre de Ballister qui, au final, est peut-être le protagoniste qui nous ressemble le plus, avec Ambrosius. Les deux d’ailleurs partagent beaucoup en commun, comme leur côté fataliste, mais se distinguent par leurs buts, lesquels étant inexistant chez Ambrosius. Car Nimona, outre l’arc qui la concerne, est aussi le récit de ces deux hommes, des remous du passé et de l’idée de pardon. Une trame adjacente qui, une fois de plus, contribue au plaisir que l’on éprouve à lire cette bande-dessinée. Je regrette quelque peu que l’on n’en sache pas plus sur la directrice, beaucoup de liens étaient possibles mais cependant, je pense que l’obstination qu’elle avait à s’accrocher à son rôle la réduisait à ce qu’elle avait choisi d’être : un rôle. Cela est notamment marqué par l’absence de nom la concernant, soulignant son caractère « remplaçable ». Cette idée s’inscrite même jusque dans la façon dont elle est représentée.
La lecture vorace de ce webcomic a donc été pour moi un véritable plaisir et je me souviens encore être restée béate devant mon écran de téléphone, incapable de réaliser ce qui m’était arrivé. Que venais-je donc de lire ? Pourquoi cette histoire m’a-t-elle fait tant d’effet, au point même que j’en avais les larmes aux yeux ? Jamais dans le monde des bande-dessinées il ne m’était arrivé de m’attacher autant aux personnages. Et si jamais je devais résumer mon ressenti à vis-à-vis de cette bd, je parlerai de ces trois idiots de Nimona, Ballister et Ambrosius, qui m’ont tantôt fait rire, pleurer et mourir de peur quant à une mort probable. C’est cela, la véritable force de ce webcomic et la raison pour laquelle je le recommanderai à n’importe qui.
Malgré le fait que je lise énormément de webcomics sur le net, je n’avais jusqu’alors jamais entendu parler de Nimona. Et puis des dessins qui en sont issus ont commencé à apparaître sur mon tableau de bord de Tumblr et on m’a recommandé plusieurs fois ce petit bijou. Finalement, je l’ai dévoré en une après-midi et je ne le regrette absolument pas.
Nimona, c’est tout d’abord un style de dessin un peu particulier et que je n’ai pas l’habitude de rencontrer, très « cartoon » et simple, dont le rendu correspond parfaitement à l’univers de la bande-dessinée. Les designs choisis pour les personnages sont excellents, on retrouve une diversité agréable qui s’ancre dans un monde aux couleurs changeantes, aux ambiances extrêmement bien rendues, bref, rien à dire de ce côté-là, c’est digne d’un travail d’un professionnel aguerri. L’arrangement des cases, sans complexité également mais qui ne nuit en rien au déroulement de l’histoire, est très agréable et reposant.
En ce qui concerne l’intrigue, j’ai tout simplement été soufflée par le tour des évènements. Si le ton se fait tout d’abord plutôt comique, avec Ballister et les déboires de son acolyte Nimona, on sombre vite dans le psychologique et le très sérieux, et ce vis-à-vis des trois personnages centraux, soit Nimona –qui reste le personnage principal de cette histoire – Ballister et Ambrosius. J’ai été très surprise et captivée par ce revirement de situation et aussi par les implications qu’il apporte. En effet, comme on s’en doutait déjà, « the agency » se révèle être le prototype même de l’institution paranoïaque qui cherche à garder le contrôle sur tout, avec sous le coude, le méchant designé, Ballister, et le superbe héros, Ambrosius. Cela n’est évidemment pas sans nous rappeler des problèmes actuels qui ont déjà été soulevés à maintes reprises. L’intrigue se penche également sur la quête de son identité au travers du personnage de Nimona, qui fait presque figure métaphorique, par ses aptitudes de « shapeshifter », de cette recherche. C’est certainement l’évolution de ce protagoniste qui m’a le plus marqué, puisqu’encore une fois, je ne m’y attendais pas du tout, malgré les indices semés çà et là par l’auteure. De même, les relations entre Ballister et Nimona, de l’ordre du père et de la fille, sont développées et déroulées bout à bout jusqu’à la dernière page, au même titre que celle entre Ballister et Ambrosius, de l’ordre de l’amour, ou au moins de l’amitié. L’ajout d’une légende, de récits enchâssés, de bribes du passé permettent d’enrichir la trame principale et s’insèrent avec succès dans l’histoire sans provoquer de rupture. Ils sont essentiels à la compréhension du développement des protagonistes. Et c’est certainement cela qui m’a beaucoup marqué chez Noelle Stevenson : le génie et l’application qu’elle a mis pour centrer cette histoire autour des personnages, sans rendre le tout ridicule ou lourd, toujours en restant dans le juste sans se départir de son humour à tomber par terre. On reste tout de même très frustré par cette fin ouverte qui, même si elle nous déleste de quelques inquiétudes, nous donne en contrepartie une envie folle que cette histoire ne s’arrête jamais et que les personnages continuent à s’animer devant nous.
En effet, les protagonistes, plus que le fond de l’intrigue-même, sont l’essence pure de ce webcomic. J’ai beaucoup aimé, comme je l’ai dit plus haut, la diversité qui nous est offerte : Nimona est un peu boulotte, Ballister a un bras mécanique et une allure de méchant démoniaque, Ambrosius est un bel Apollon à la chevelure presque digne de celle de Glorfindel, « the director » est une femme sévère et sûre d’elle, et le Dr. Meredith Blitzmeyer est un sacré bout de femme qui n’a de compte à rendre à personne. Ce qui me paraît très intéressant, c’est le fait que chacun des personnages « jouent » un rôle, une caricature, que « the agency » leur a, en quelque sorte, attribué. Et bien entendu, Nimona est cet élément perturbateur qui refuse d’une certaine façon de se plier aux règles de ce petit jeu et n’hésite pas à mettre Ballister en face du ridicule de sa propre situation. Elle est ce grain de sable qui va faire s’effondrer la balance et mettre au jour l’absurdité qui règne en ce monde –elle en est elle-même l’incarnation. Et c’est ce détachement progressif de leur rôle qui va permettre aux personnages de se sauver : Ballister devient un héros, Ambrosius renonce à ses fonctions, le Dr. Meredith laisse la science de côté pour un temps et finalement, on suppose que Nimona s’écarte du monstre qu’elle était, ou a toujours été, voire est encore ? Quant à la directrice de l’agence, elle est à la seule à rester campée sur ses positions, ce qui explique sa mort. Une fois de plus, le développement des personnages, leur héritage, que ce soit l’histoire tragique de Ballister et Ambrosius ou encore de Nimona –quand bien même il ne s’agirait pas de la vérité, est la clé du récit qui va nous permettre de nous attacher profondément à ces êtres fictifs. Je ne cache pas évidemment éprouver une grande sympathie à l’encontre de Ballister qui, au final, est peut-être le protagoniste qui nous ressemble le plus, avec Ambrosius. Les deux d’ailleurs partagent beaucoup en commun, comme leur côté fataliste, mais se distinguent par leurs buts, lesquels étant inexistant chez Ambrosius. Car Nimona, outre l’arc qui la concerne, est aussi le récit de ces deux hommes, des remous du passé et de l’idée de pardon. Une trame adjacente qui, une fois de plus, contribue au plaisir que l’on éprouve à lire cette bande-dessinée. Je regrette quelque peu que l’on n’en sache pas plus sur la directrice, beaucoup de liens étaient possibles mais cependant, je pense que l’obstination qu’elle avait à s’accrocher à son rôle la réduisait à ce qu’elle avait choisi d’être : un rôle. Cela est notamment marqué par l’absence de nom la concernant, soulignant son caractère « remplaçable ». Cette idée s’inscrite même jusque dans la façon dont elle est représentée.
La lecture vorace de ce webcomic a donc été pour moi un véritable plaisir et je me souviens encore être restée béate devant mon écran de téléphone, incapable de réaliser ce qui m’était arrivé. Que venais-je donc de lire ? Pourquoi cette histoire m’a-t-elle fait tant d’effet, au point même que j’en avais les larmes aux yeux ? Jamais dans le monde des bande-dessinées il ne m’était arrivé de m’attacher autant aux personnages. Et si jamais je devais résumer mon ressenti à vis-à-vis de cette bd, je parlerai de ces trois idiots de Nimona, Ballister et Ambrosius, qui m’ont tantôt fait rire, pleurer et mourir de peur quant à une mort probable. C’est cela, la véritable force de ce webcomic et la raison pour laquelle je le recommanderai à n’importe qui.
Note finale
9,5/10
9,5/10