Titre : Les Chroniques des Fleurs d'Opale Tome 1 : La Candeur de la Rose Auteur : Ielenna Genre : fantasy Langue d'origine : française Critique : VO Date de publication : mai 2017 Prix : 20€ par partie Site internet de l'auteure |
On y est, enfin. Aujourd'hui je vais chroniquer le premier tome des Chroniques des Fleurs d'Opale, un roman écrit par Ielenna, fondatrice de l'association Génération Écriture dont je fais partie et une de mes premières connaissances quand je fréquentais encore les sphères littéraires de Skyrock. Il m'avait été donné de lire les 19 premiers chapitres de l'histoire quand elle était disponible en ligne, à l'époque, et le roman était alors inachevé. A la suite de la campagne de financement, ce n'était pas donc sans émotion que je me suis retrouvée avec les deux parties de ce premier tome que je pouvais enfin découvrir au complet. Un honneur aussi, d'avoir pu illustrer le livret de personnages accompagnant les romans ! (mention spéciale à Crywin, qui a été oublié dans la bataille)
Mais les Fleurs d'Opale (ou les Fleurs, pour les intimes), c'est quoi au juste ? Ce premier tome raconte l'histoire de Diphtil, promise à un destin de cinquième déesse et de son périple à travers le monde afin de rencontrer son destin, épaulée par son ami d'enfance, Astiran, son frère Naid et d'autres encore. Il est écrit à la première personne, Diphtil narrant elle-même son histoire.
Autant dire que j'avais de très hautes attentes pour ce roman. Trop hautes, trop irréalistes ? Très certainement, car avec une telle anticipation, couplée à un souvenir nostalgique d'une histoire que j'avais commencé à lire il y a des années quand j'avais 14 ans, je ne pouvais qu'être déçue. Pas entièrement bien entendu ! Est-ce que ce roman est parfait ? Non. Est-ce que ça m'a empêché d'apprécier ma lecture ? Pas tout à fait. La preuve, je suis restée éveillée à des heures tardives pour continuer à le dévorer et j'ai passé deux jours entiers à engouffrer la seconde partie, sans m'arrêter (bon ok, je l'emmenais pas aux toilettes, mais quand même, deux jours sans allumer mon ordi, pfiou on y croyait plus !). Cependant, il n'en reste pas moins que mon avis sur ce premier tome reste mitigé sur certains points.
Tout d'abord, je tiens à dire que la lecture des premiers chapitres a été quelque peu laborieuse. Il y avait des coquilles -comme tout au long du roman, mais ce n'était pas cela qui me dérangeait. Le style se faisait très lourd et aurait bien mérité quelques coupures par endroit, notamment pour le préambule. Je trouve dommage que le début du livre ait été si pénible alors que durant tout le reste de ma lecture, le style s'est amélioré, même si l'usage répété de mots « compliqués » m'agaçaient (je ne compte pas le nombre de fois où les mots « vénusté » et « claustration » apparaissent dans certains chapitres, on en vient à être confronté à un vocabulaire pauvre alors qu'il se voulait riche!).
Pour ce qui est des personnages principaux, ce sont eux qui m'ont très vite portée à travers le récit. Bien que le comportement de Diphtil et d'Astiran m'horripilait, ça n'a jamais fait d'eux de mauvais personnages et c'est sur la fin du roman que j'ai véritablement appris à les apprécier, évoluant avec eux, et ça a été un véritable plaisir. La force de ce récit réside, je pense, dans le contrebalancement que leur offrent les personnages de Naid et Yasalyn (mes petits préférés, surtout toi Naid <3) et qui donne lieu à des échanges d'anthologie qui m'ont fait rire à voix haute ! Je trouve le personnage de Naid comme étant le plus réussi, probablement parce que son arc narratif est entièrement résolu dans ce tome, offrant une conclusion presque parfaite (et je dis pas ça parce que c'est mon préféré). Rédemption, acception, sublimation, Naid m'est apparu comme le protagoniste le plus complet de cette histoire et peut-être aussi celui avec lequel je pouvais le plus sympathiser, à tel point que les mystères planant autour de lui me paraissaient plus importants que les enjeux majeurs de l'intrigue ! (#TeamNaid) Quant à Yasalyn, je regrette son absence durant les trois quarts du roman, elle permettait vraiment de me soulager de Diphtil (elle m'agaaaaaaace, même à la fin elle m'agaaaaace)(m'enfin ça c'est juste moi hein). Au final, les meilleurs moments de ma lecture ont été ces instants simples que partageaient les personnages, sans l'ombre de l'intrigue planant sur eux. En fait, toute la première partie de l'histoire où les quatre compères sont ensemble et apprennent à se connaître est ce qui m'a vraiment fait apprécier ma lecture.
Pour ce qui est des autres personnages, certains sont tout à fait oubliables et inintéressants comme Surah ou Sarïn. Je trouve dommage qu'on n'en sache pas plus sur eux, notamment Sarïn, alors qu'on nous avait fait miroiter quelques pistes narratives qui retombent complètement dans l'oubli. Même un personnage comme Fylip qui souffre du syndrome du « vilain with //tragic past// ». Mais d'autres ont contribué à rendre cette expérience de lecture plus grandiose. Crywin par exemple amenait un autre point de vue sur la situation et il aurait presque mérité un roman à lui tout seul (merci d'ailleurs pour le texte bonus qui lui est consacré à la fin, ça manquait dans la narration principale!). Il y a aussi Théorald, qui m'a beaucoup intéressée mais qui demeure au second plan, complètement passif et c'est bien dommage, surtout vu les circonstances (alors c'est peut-être une question de caractère mais euh, il est quand même une des clés de l'intrigue et il est là comme un fantôme, c'est dommage, il est choupinou). Et puis enfin il y a Zerda, le personnage qui selon moi s'est totalement fait arnaquer dans ce roman. On nous miroite son grand retour, on fait monter la mayonnaise autour de lui, et tout ça pour... rien. La confrontation finale n'a rien d'une confrontation finale, il se fait attraper façon deus ex machina sautée aux petits oignons, on n'a même pas un truc super badass/terrifiant/whatever, bref, pas un truc à la hauteur du démon qu'il est censé être et on l'expédie en mode hop hop hop l'escalope. Ce qui me fait dire que bah, en fait, il n'y a pas vraiment de « vrais » antagonistes dans cette histoire, même au niveau de Drehardir, il peut aller tenir la main de Fylip. Bref un peu déçue sur ce coup là, mais peut-être que je m'étais montée le truc toute seule aussi, c'est possible ! (je m'emballe pour un rien moi)
Ce qui m'amène à parler de l'intrigue. Très centrée sur les personnages au début, pour mon plus grand plaisir, l'aspect épique ne prend son essor qu'à la fin du roman, apothéose où tout se conclue, ou du moins devrait. Je ne suis pas spécialement fan du « élu de la prophétie/grand destin » mais j'ai conscience qu'on est dans ce genre de récit et ça ne me pose aucun problème. Ce qui m'embête en revanche, c'est qu'on nous fasse avaler tous ses gros poissons à coup de « c'est ce qu'à prévu la déesse blablabla ». Une ou deux fois, je veux bien. Mais brandir ça comme justification permanente, même si ça peut se comprendre, eh bien c'est lassant. C'est même pas frustrant comme ça pourrait l'être pour les personnages, c'est juste que j'avais l'impression que ça servait d'excuse pour toutes les « heureuses coïncidences » qui parsèment le récit. De même, l'abus des deus ex machina, au bout d'un moment, ça me fatiguait un peu (#Yûni). Parce que les personnages ne sont pas mis à l'épreuve et que ça rend les péripéties moins intéressantes, parce que la magie résout tout sans que ça ait la moindre conséquence (d'ailleurs, Yûni utilise la magie en mode yolo, manifestement y'a pas de règle pour la magie, dommage). Maaaaaais je souligne quand même que ça ne m'a pas empêché de ressentir les moments de tensions et les points-clés du récit.
Et il y a en effet des morceaux d'intrigues très bons ! Le passage à Ephyr, le voyage par le col des montagnes avec l'avalanche ont été de très bons moments de lecture, avec la remise en question des personnages, les moments de climax. etc. Dès qu'on demeurait auprès des personnages en fait, là j'étais comblée, j'avais l'impression d'être en famille et de vivre l'aventure avec les protagonistes. Mais je ressentais aussi de manière générale que beaucoup d'éléments avaient été sacrifiés pour quoi, faciliter les choses ? S'éviter des problèmes narratifs ? Je ne sais pas.
En fait, mon problème avec ce roman, c'est qu'il soulève des attentes de ma part mais ne les satisfait que rarement. C'est peut-être pour ça que Naid est mon personnage favori ? Non seulement il n'a rien de divin, mais c'est aussi le seul qui possède un arc narratif complété. Au final, j'ai refermé le roman avec dans mes mains, des tas de fils scénaristiques en suspens et même si il y a bien sûr une suite, je trouve que ça en faisait trop pour conclure un tome.
Niveau interactions des personnages principaux et de leur voyage, franchement je n'ai rien à redire, mais à la grande échelle de l'intrigue, il y a, je pense, un manque à gagner par rapport à la qualité des périodes centrées sur les protagonistes.
Mention spéciale aussi à la cité d'Entygon, version 2.0 de Minas Tirith dans Le Seigneur des Anneaux.
Somme toute, pour moi cette histoire possède un énorme potentiel pour se détacher du banal « élu prophétique/grand destin ». Une nouvelle correction pour défricher le style, un remaniement de certains morceaux de l'intrigue et quelques bricolages niveau worldbuilding, et on aurait une histoire solide, forte, qui s'empare pleinement de ses thèmes épiques de l'amour, la rédemption, la recherche de soi etc. sans chercher pour autant à bouleverser le genre. Malgré tout ce que j'ai pu dire plus haut, j'ai tout de même apprécié ma lecture, divertissante, touchante par moment. Je suis peut-être dure mais comme cette histoire me tient à cœur, je tiens à dire ce que je pense véritablement. J'ai passé un agréable moment auprès de Diphtil, Astiran, Naid et Yasalyn, ces deux derniers étant à jamais dans mon cœur, et je peux certifier que quand l'épique se ressentait dans la bouquin, j'avais la musique "Serenata Immortale" qui s'élevait à mes oreilles, et ça c'était magique. Donc merci à Ielenna de nous laisser découvrir enfin l'histoire dans son intégralité ! Et on attend les prochains tomes ?
7,5/10