Titre : Le baiser du rasoir Auteur : Daniel Polansky Genre : Fantasy/Policier Langue d'origine : anglais (US) Critique : VF Date de publication : 2012 Prix : 8,40 € Résumé : Il y a eu la vie dans la rue. Il y a eu la peste. Il y a eu la guerre. Il y a eu la magie... Prévôt a survécu. Il règne désormais sur le quartier de Basse-Fosse, dealant pour les faibles comme pour les puissants, rappelant à l'ordre de manière définitive les inconscients qui viendraient empiéter sur son territoire. Pourtant, plusieurs enfants sont retrouvés morts. Pas question pour Prévôt de laisser ces crimes impunis, d'autant que les agents de la Couronne ne semblent pas pressés de résoudre l'affaire. Mais qui, du meurtrier ou de Prévôt, connaîtra le baiser du rasoir ? |
La critique par Matt'
Le baiser du rasoir est un livre que j'ai acheté un peu comme ça, à l'aventure... je cherchais un bon roman de fantasy, il était dans le rayon, avec « prix Imaginales 2012 » sur sa couverture et, curieuse, je l'ai donc emporté. Roman américain, il narre l'histoire de Prévôt, un personnage atypique qui a survécu à la guerre et la peste (rien que ça !) et qui évolue dans un monde fantasy classique. Un jour, il trouve le corps d'une fillette morte. C'est alors le début de son enquête, afin de retrouver le ou les coupables, car les crimes continuent. Il faut savoir que ce roman est raconté à la première personne -du point de vue de ce cher Prévôt donc (oui oui c'est bien son nom), ce qui change déjà des habituels romans fantasy car on y rencontre peu la première personne. On est donc immédiatement plongés dans son monde et on est bien forcé de reconnaître que quelque chose nous gêne, de prime abord : Prévôt n'est absolument pas une personne que l'on aimerait croiser dans la rue. Il deale la drogue locale (quand il n'en consomme pas), fait affaire avec des truands de la pire espèce et vit assez simplement, dans une misère qui fait pitié. On a envie de lui crier de se bouger et d'arrêter d'être aussi blasé avec la vie. Bref, le héros vit une existence minable qui ne donne pas envie de lui accorder de la sympathie. Quelle surprise donc, lorsqu'il se met en tête de retrouver les auteurs des meurtres d'enfants. Néanmoins, il s'enlise dans de sombres affaires, qui touchent des organisations qu'il aurait préféré ne pas recroiser... bref, comme toujours, ça tourne contre son avantage.
Le baiser du rasoir est un polar haletant qui mêle monde fantasy et sombre enquête. Les amateurs des deux genres s'y retrouveront sans problème. Déjà, pour un unique roman, l'univers dans lequel évoluent les personnages est très complet et fourni. Certes, il se rapproche beaucoup du Moyen-Âge et donc, des mondes fantasy classiques. Néanmoins, à travers les souvenirs de Prévôt et quelques flash-back, on parvient à se constituer une image mentale assez nette de ce monde. Quant à l'ambiance plutôt morbide des bas-fonds de Basse-Fosse, elle donne des délicieux frissons, entre la fascination et la peur. On retient son souffle dès que Prévôt quitte la sécurité apparente de l'auberge pour s'enfoncer dans ces quartiers pauvres et mal-famés. Par ailleurs, le rythme de ce livre est, comme un bon polar se doit de l'être, haletant. C'est intense, le héros joue sa vie et bien plus encore dans cette enquête et donc, on dévore les pages sans les voir passer, captivé par les mésaventures de Prévôt.
Au niveau des personnages, Prévôt, le héros, donc, est suffisamment développé et très crédible. La seule attitude un peu en contradiction avec ses principes, c'est sa décision d'enquêter sur les meurtres, justement. Mais on passe rapidement outre et on apprécie de revivre ses souvenirs avec lui, qui permettent de le connaître encore mieux. Bref, à la fin du roman, on en vient même à l'apprécier, alors qu'au début on éprouvait tant de dégoût pour un personnage si terre-à-terre et, il faut le dire, bassement humain. Les autres personnages, malheureusement, demeurent très secondaires. Ils ont tous des personnalités et des rôles intéressants mais mériteraient d'être davantage mis en avant, creusés, un peu exploités, quoi. Cela étant dit, ils remplissent tous leur fonction de personnage secondaire, bien que cela puisse en frustrer certains. Bon, on a du mal à s'y attacher, pour le coup, justement parce qu'ils restent très mineurs et sous-exploités. Néanmoins, ils demeurent cohérents et ce n'est donc pas tant un problème, on aimerait seulement en savoir un peu plus sur certains, dont ceux qui ont fait partie du passé de Prévôt.
L'écriture est, quant à elle, très fluide. Déjà, grâce au rythme soutenu, comme je le disais au-dessus ; mais également grâce aux descriptions très agréables, simples et efficaces, en un mot, originales, ce qui est fort appréciable. Les dialogues nous donnent parfois des envies de fous rires (nerveux ou pas), surtout quand c'est Prévôt qui s'exprime. Les pensées de ce dernier sont d'ailleurs bien exposées, la narration est impeccable, les scènes d'action sont bien dosées. Bref, pour l'ambiance glauque digne d'un bon roman fantasy, mêlé au rythme et aux scènes d'actions brillantes, le mélange des deux donne un résultat très agréable. J'aurai un seul reproche à faire au roman : le fait qu'à partir d'un certain moment de l'histoire, tout devient un peu prévisible et l'action ralentit considérablement, ce qui est bien dommage après un début aussi rapide. Néanmoins, le dénouement n'est pas si décevant que cela. En refermant ce livre, on n'a qu'une envie : qu'une suite des aventures de Prévôt sorte très vite !
Bref, je conseille ce livre à tous ceux qui sont à la recherche d'un roman fantasy ou policier, ou les deux, qui permette de passer un agréable moment. Et même ceux qui ne sont pas à la recherche de l'un de ces deux genres, car Le baiser du rasoir a le potentiel pour plaire et convaincre les moins convaincus. Le style est surprenant et très agréable et, pour ce qui me semble être un premier roman et une traduction, la barre est haute. Les plus courageux pourront peut-être le lire en anglais, avec un bon niveau (pas comme moi !) Néanmoins, la version française est déjà un petit bijou en soi, malgré quelques défauts qui sont tout à fait pardonnables et secondaires. Et à ceux qui rétorqueront que le monde dans lequel évoluent les protagonistes est trop classique, déjà vu et revu... la force de l'auteur, c'est justement de parvenir à nous captiver et à rendre intéressant un univers qui semble de prime abord si classique. Bref, passez outre les imperfections et plongez avec Prévôt au coeur de Basse-Fosse, vous ne serez pas déçus du voyage !
Note finale 7,5/10
Le baiser du rasoir est un livre que j'ai acheté un peu comme ça, à l'aventure... je cherchais un bon roman de fantasy, il était dans le rayon, avec « prix Imaginales 2012 » sur sa couverture et, curieuse, je l'ai donc emporté. Roman américain, il narre l'histoire de Prévôt, un personnage atypique qui a survécu à la guerre et la peste (rien que ça !) et qui évolue dans un monde fantasy classique. Un jour, il trouve le corps d'une fillette morte. C'est alors le début de son enquête, afin de retrouver le ou les coupables, car les crimes continuent. Il faut savoir que ce roman est raconté à la première personne -du point de vue de ce cher Prévôt donc (oui oui c'est bien son nom), ce qui change déjà des habituels romans fantasy car on y rencontre peu la première personne. On est donc immédiatement plongés dans son monde et on est bien forcé de reconnaître que quelque chose nous gêne, de prime abord : Prévôt n'est absolument pas une personne que l'on aimerait croiser dans la rue. Il deale la drogue locale (quand il n'en consomme pas), fait affaire avec des truands de la pire espèce et vit assez simplement, dans une misère qui fait pitié. On a envie de lui crier de se bouger et d'arrêter d'être aussi blasé avec la vie. Bref, le héros vit une existence minable qui ne donne pas envie de lui accorder de la sympathie. Quelle surprise donc, lorsqu'il se met en tête de retrouver les auteurs des meurtres d'enfants. Néanmoins, il s'enlise dans de sombres affaires, qui touchent des organisations qu'il aurait préféré ne pas recroiser... bref, comme toujours, ça tourne contre son avantage.
Le baiser du rasoir est un polar haletant qui mêle monde fantasy et sombre enquête. Les amateurs des deux genres s'y retrouveront sans problème. Déjà, pour un unique roman, l'univers dans lequel évoluent les personnages est très complet et fourni. Certes, il se rapproche beaucoup du Moyen-Âge et donc, des mondes fantasy classiques. Néanmoins, à travers les souvenirs de Prévôt et quelques flash-back, on parvient à se constituer une image mentale assez nette de ce monde. Quant à l'ambiance plutôt morbide des bas-fonds de Basse-Fosse, elle donne des délicieux frissons, entre la fascination et la peur. On retient son souffle dès que Prévôt quitte la sécurité apparente de l'auberge pour s'enfoncer dans ces quartiers pauvres et mal-famés. Par ailleurs, le rythme de ce livre est, comme un bon polar se doit de l'être, haletant. C'est intense, le héros joue sa vie et bien plus encore dans cette enquête et donc, on dévore les pages sans les voir passer, captivé par les mésaventures de Prévôt.
Au niveau des personnages, Prévôt, le héros, donc, est suffisamment développé et très crédible. La seule attitude un peu en contradiction avec ses principes, c'est sa décision d'enquêter sur les meurtres, justement. Mais on passe rapidement outre et on apprécie de revivre ses souvenirs avec lui, qui permettent de le connaître encore mieux. Bref, à la fin du roman, on en vient même à l'apprécier, alors qu'au début on éprouvait tant de dégoût pour un personnage si terre-à-terre et, il faut le dire, bassement humain. Les autres personnages, malheureusement, demeurent très secondaires. Ils ont tous des personnalités et des rôles intéressants mais mériteraient d'être davantage mis en avant, creusés, un peu exploités, quoi. Cela étant dit, ils remplissent tous leur fonction de personnage secondaire, bien que cela puisse en frustrer certains. Bon, on a du mal à s'y attacher, pour le coup, justement parce qu'ils restent très mineurs et sous-exploités. Néanmoins, ils demeurent cohérents et ce n'est donc pas tant un problème, on aimerait seulement en savoir un peu plus sur certains, dont ceux qui ont fait partie du passé de Prévôt.
L'écriture est, quant à elle, très fluide. Déjà, grâce au rythme soutenu, comme je le disais au-dessus ; mais également grâce aux descriptions très agréables, simples et efficaces, en un mot, originales, ce qui est fort appréciable. Les dialogues nous donnent parfois des envies de fous rires (nerveux ou pas), surtout quand c'est Prévôt qui s'exprime. Les pensées de ce dernier sont d'ailleurs bien exposées, la narration est impeccable, les scènes d'action sont bien dosées. Bref, pour l'ambiance glauque digne d'un bon roman fantasy, mêlé au rythme et aux scènes d'actions brillantes, le mélange des deux donne un résultat très agréable. J'aurai un seul reproche à faire au roman : le fait qu'à partir d'un certain moment de l'histoire, tout devient un peu prévisible et l'action ralentit considérablement, ce qui est bien dommage après un début aussi rapide. Néanmoins, le dénouement n'est pas si décevant que cela. En refermant ce livre, on n'a qu'une envie : qu'une suite des aventures de Prévôt sorte très vite !
Bref, je conseille ce livre à tous ceux qui sont à la recherche d'un roman fantasy ou policier, ou les deux, qui permette de passer un agréable moment. Et même ceux qui ne sont pas à la recherche de l'un de ces deux genres, car Le baiser du rasoir a le potentiel pour plaire et convaincre les moins convaincus. Le style est surprenant et très agréable et, pour ce qui me semble être un premier roman et une traduction, la barre est haute. Les plus courageux pourront peut-être le lire en anglais, avec un bon niveau (pas comme moi !) Néanmoins, la version française est déjà un petit bijou en soi, malgré quelques défauts qui sont tout à fait pardonnables et secondaires. Et à ceux qui rétorqueront que le monde dans lequel évoluent les protagonistes est trop classique, déjà vu et revu... la force de l'auteur, c'est justement de parvenir à nous captiver et à rendre intéressant un univers qui semble de prime abord si classique. Bref, passez outre les imperfections et plongez avec Prévôt au coeur de Basse-Fosse, vous ne serez pas déçus du voyage !
Note finale 7,5/10